Jane Eyre, Charlotte Brontë
Le mois anglais commence chez Cryssilda, je ne voyais pas comment le commencer autrement que par cette lecture
Jane Eyre est une orpheline recueillie par son oncle puis, au décès de se dernier, envoyée dans une école stricte dans laquelle elle sera maltraitée durant les premières années. Elle deviendra gouvernante de la pupille française de Mr Rochester, Adèle. Après plusieurs mois elle fera enfin la connaissance de ce maître excentrique, voyageur mais aussi renfermé voire renfrogné. Elle en deviendra amoureuse, d’un amour intense et douloureux, et elle devra quitter l’objet de cet amour devant la force de la morale. Dans ce malheur elle retrouvera une famille qui lui permettra de se reconstruire. Elle finira par retrouver cet amour malgré de nouvelles difficultés…
Mon avis
Un roman long mais sans ennui, bien entendu par moments on souhaiterait pouvoir dire à Jane « Vas y, profites de cet amour sans te poser plus de questions » tellement on ressent sa douleur ainsi que celle d’Edouard Rochester mais on ne peut que reconnaître la force de cette femme, son indépendance à cette époque.
Un passage:
« Je le regardais, et j’éprouvais à le regarder un plaisir intense… un plaisir précieux et en même temps poignant ; de l’or pur, mais avec une pointe acérée de souffrance ; un plaisir comme en pourrait éprouver l’homme mourant de soif, qui sait que le puits vers lequel il s’est traîné est empoisonné, mais qui se penche pourtant et avale de grisantes gorgées d’eau.
Comme il est vrai que « la beauté réside dans le regard de qui le contemple ». Le visage sans éclat et olivâtre de mon maître, son front carré et massif, ses sourcils noirs et épais, ses traits marqués, sa bouche ferme et rébarbative, pleine de décision, d’énergie, de volonté, il n’y avait dans tout cela, d’après les règles, rien de beau ; mais ces traits possédaient pour moi plus que la beauté : ils étaient empreints d’un intérêt, d’une influence qui me subjuguaient complètement, qui me privaient de tout pouvoir sur mes propres sentiments pour les livrer à mon maître. Je n’avais pas voulu l’aimer ; le lecteur sait quel rude effort j’avais fourni pour extirper de mon âme les germes d’amour que j’y avais décelés ; et voilà qu’à la première vision nouvelle que j’avais de lui, ces germes reprenaient vie spontanément, plus jeunes et vigoureux que jamais ! Il me forçait à l’aimer sans même me regarder. »