Alors qu’Hercule Poirot déguste un bon chocolat chaud pour son petit déjeuner, il reçoit la visite d’une jeune inconnue qui pense avoir commis un crime. Elle n’en dira pas plus et repartira aussi vite en déclarant que Hercule est trop vieux. Rien de tel pour vexer notre cher détective et pour piquer sa curiosité. Grâce à son amie auteur de romans policiers, Ariadne Oliver, Hercule Poirot va découvrir que sa visiteuse est Norma Restarick, fille unique d’un riche industriel revenu récemment d’Afrique. Cette jeune fille partage un appartement à Londres avec Claudia, fille d’un parlementaire connu et secrétaire de Mr Restarick, et Frances, artiste bohème. Et voilà que Norma disparaît.
Hercule et Ariadne vont mener leur enquête, chacun à leur manière, pour découvrir ce qui est arrivé à Norma et si un meurtre a bien été commis.
Ce roman, publié en 1966, commence par une savoureuse description d’Hercule Poirot en tant que critique littéraire montrant bien que la modestie n’est pas une de ces qualités.
« Il avait mis la dernière main à son grand œuvre, pertinente analyse des meilleurs auteurs de romans policiers. Il avait osé des commentaires peu amènes sur Edgar Allen Poe, déploré la cruelle absence d’ordre et de méthode dont souffraient d’après lui les égarements romanesques de Wilkie Collins (voilà qui ne va pas plaire à Cryssilda !!), porté aux nues deux Américains pratiquement inconnus, tressé des lauriers à l’intention de ceux qui méritaient d’être ainsi couronnés et impitoyablement vilipendé la cohorte des autres, qui selon ses critères ne valaient pas tripette. Il avait veillé sur son ouvrage jusqu’à sa sortie des presses, l’avait accompagné au brochage et, en dépit de l’invraisemblable quantité de coquilles typographiques et d’autres fautes d’impression relevées après coup, avait décrété l’ensemble remarquable. »
Dans ce roman Hercule Poirot est confronté à une nouvelle génération avec ses codes vestimentaires et une façon de vivre qui lui est inconcevable : « … une fille d’aujourd’hui, le genre « moderne », copie conforme de la plupart des filles qu’on pouvait croiser partout dans la rue. Longs cheveux lui pendouillant sur les épaules, jupe informe, genoux à l’air et pieds en dedans… »
On apprécie également les échanges entre Hercule et Ariadne, deux personnalités très différentes, ce qui crée une dynamique intéressante à mon avis.
Un seul bémol est l’ajout d’une histoire d’espionnage concernant un personnage secondaire et qui n’a vraiment rien à voir avec l’enquête.
Une bonne lecture pour moi, en ce mois anglais et pour le challenge Agatha Christie