Mon été avec Anne Perry
Envie de poursuivre les aventures de Charlotte et Thomas Pitt cet été pour cette année en Angleterre
Devil’s Acre (« l’Arpent du Diable »), quartier mal famé à l’ombre de Westminster, est connu pour ces maisons closes. Thomas Pitt va être confronté à trois meurtres d’hommes retrouvés poignardés et émasculés. Que peuvent avoir en commun Max, ancien valet de pied du général Balantyne et devenu proxénète, le Dr Pinchin et Sir Astley pour finir ansi ?
Dans ce 7ème tome, l’enquête de Thomas va le conduire à découvrir que certaines « dames de la haute » qui s’ennuient cherchent des sensations fortes en vendant leurs charmes dans des maisons discrètes et chics. Charlotte va de son côté retrouver le géneral Balantyne chez qui elle avait déjà enquêté sous couvert de venir l’aider à trier ses souvenirs de guerre. Ce sont surtout les rapports de Charlotte et du général qui sont mis en avant ici, on se demande comment elle peut être aussi aveugle devant le regard que cet homme pose sur elle. Est-elle flattée ? En profite-t-elle un peu jusqu’au moment où elle ne peut plus laisser faire ? L’enquête de Thomas passe au second plan et le dénouement tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.
La sœur de Charlotte, Emily et George, son mari, passent des vacances d’été chez l’oncle de ce dernier. Sont également présents le cousin William et sa femme Sybilla, Tassie, la jeune sœur de William, leurs grand-mères paternelle Mme March et maternelle, la pétillante Tante Vespasia et Jack Radley, jeune homme séduisante, extrèmement intéressant mais peu fortuné, envisagé par l’oncle Eustace comme prochain gendre. Sybilla est une femme resplendissante et George semble complètement sous son charme. Inquiète et très peinée, Emily ne voit qu’une solution pour récupérer l’attention de son mari, flirter avec Jack.
Les choses semblent rentrer dans l’ordre mais George est retrouvé empoisonné au petit matin. Charlotte arrive donc pour soutenir sa sœur mais aussi prouver son innocence. Effectivement le début de l’enquête montre qu’aucune personne extérieure n’a pu entrer dans la maison. Qui est donc l’assassin : Emily, par jalousie, Jack, pour éliminer un rival et épouser une riche veuve, Tassie, dont les sorties en cachette la nuit peuvent être suspectes ?? Malgré leur chagrin Charlotte et Tante Vespasia vont une nouvelle fois dénouer le mystère qui à nouveau mettre au grand jour des secrets de famille.
Un nouveau tome passionnant, Thomas Pitt est moins présent mais touchant, les rapports entre les deux sœurs sont approfondis, Tante Vespasia est toujours aussi savoureuse, avec ses idées novatrices, en opposition avec Mme March.
Trois ans après le décès de son mari au cours d’un cambriolage, Veronica York doit épouser un diplomate. Pour s’assurer que rien ne pourrait entacher la carrière de ce futur ambassadeur, Thomas Pitt est chargé de rouvrir le dossier et d’enquêter en toute discrétion. Il découvre que les objets dits volés n’ont jamais été revendus. Le mobile du meurtre serait-il tout autre ? Espionnage ? Jalousie ? Et qui est cette magnifique femme habillée de rouge, aperçue par plusieurs personnes à l’époque et disparue depuis ? Que savait la femme de chambre de Veronica avant de tomber d’une fenêtre ? L’enquête de Thomas devient gênante. Accusé du meurtre de la femme en rouge et emprisonné, c’est alors à Charlotte de prendre les choses en main. Alors que tout le monde tourne le dos à Charlotte, Emily, encore très affectée par le décès de son mari, va aider sa sœur en se faisant engager comme camériste de Veronica.
A nouveau, ce n’est pas l’enquête qui est la plus intéressante mais le retentissement sur la vie de chacun, la détresse de Charlotte qui voit son mari déchu de ses droits, molesté, la force de celui-ci, la force d’Emily qui découvre la vie rude des domestiques même dans une bonne famille, les rivalités qui existe entre eux. Bien sûr, le fait que cette jeune femme aristocratique puisse réellement se faire passer pour une femme de chambre a un côté improbable mais elle est tellement touchante qu’on laisse le charme agir.
Blue Velvet Room, Buckingham House, gravure de Daniel Havell
Quittons les ambiances feutrées pour retrouver l'univers encore plus sombre de Monk
Désormais détective privé, Monk est engagé par Mme Penrose pour découvrir le responsable de l’agression sexuelle dont sa sœur a été victime. Bien entendu, en parler à la police détruirait à tout jamais la réputation et l’honneur de cette jeune fille. Monk découvre rapidement que l’auteur de cet acte ne peut être qu’un proche de la famille et va devoir laisser les deux sœurs vivre avec cette horreur. Peu de temps après, il se voit chargé d’une nouvelle enquête par sa bienfaitrice Lady Callandra qui fait partie du conseil d’administration d’un hôpital londonien. Une infirmière vient d’être assassinée et Lady Callandra craint que la police s’acharne trop rapidement sur un médecin étranger. L’infirmière, Miss Barrymore, est une ancienne infirmière de Crimée comme Hester Latterly. Celle-ci va se faire engager dans le même hôpital pour enquêter de l’intérieur. Au cours de son enquête, Monk va découvrir en Miss Barrymore une femme volontaire, courageuse, que rien n’arrête et qui rêvait de sortir de sa condition de femme pour devenir médecin. Il admire chez la défunte tout ce qui l’irrite en même temps chez Hester. La découverte de la vérité se fera au cours du procès.
Comme dans les autres romans de Anne Perry, c’est ici un aspect de la vie et des contraintes des femmes à cette époque qui est développée, le cantonnement dans le rôle d’épouse soumise et de mère. Le viol d’une femme est considéré comme un déshonneur pour la victime qui sera bannie de sa famille et de la « bonne » société, les auteurs sont donc rarement inquiétés, le sujet des enfants conçus dans ces conditions est également abordé avec la même force. de même que les conditions d'hygiène dans les hôpitaux à cette époque, le lavage des mains, l'aération des pièces, l'eviction des contagion n'étant pas à l'ordre du jour, les infirmières étants surtout chargées de vider les bassins. Une ambiance un peu sombre, éclairée par les discussions toujours animées entre Monk et Hester, dans lesquelles on sent malgré tout une pointe de tendresse, d’attachement.
Un billet un peu long mais qui reflète bien les bons moments de lecture passés avec ces séries.
Challenge Anne Perry chez Syl, Une année en angleterre chez Titine, challenge Petit bac 2015, "mort", chez Enna