Blues pour Elise, Léonora Miano
Mon rythme de lecture a beaucoup ralenti en cette fin d'année, heureusement Stéphie était là pour proposer la découverte d'une auteure que je ne connaissais pas. Dans ce genre de RDv, j'ai toujours la crainte de ne pas aimer le titre choisi, le style, l'histoire...mais là ce n'est pas le cas, j'ai fini ce roman l'après midi de Noël, accompagnée du bruit de la pluie sur la fenêtre et j'ai été transportée par l'ambiance qui s'en dégage.
Akasha, Malaïka, Amahoro et Shale forment les Bigger than life, un groupe de femmes noires "intelligentes, financièrement autonomes, belles, chacune à sa manière". Elles ont décidé d'assumer la couleur de leur peau et surtout leurs cheveux crépus, impossibles à coiffer sans crèmes lissantes, rajouts..., pour elles c'est décidé ce sera cheveux courts. Mais surtout elles nous racontent leurs histoires d'amour, celles qui conduisent à un mariage heureux, celles qui finissent douloureusement, celles marquées par le poids des traditions, le poids de la famille, des secrets, le regard des autres, la différence entre des "afropéens"originaires du continent africain et ceux des antilles, la honte de l'homosexualité, le tout sur un fond de musique soul.
"Sa voix l'enveloppait. L'homme était maître de la parole. Ah, la magie de son verbe...Il parlait des vies antérieures au cours desquelles leurs âmes avaient cheminé ensemble. Ils étaient l'un avec l'autre, l'un à l'autre, depuis que la vie était apparue. Il disait les constellations qu'ils habitaient en esprit, et dont leur peau mate emprisonnait jalousement l'éclat, contait les paradis perdus, les aubes à conquérir, bientôt, à force d'amour. Ils étaient un miracle. Ils avaient survécu. a la violence, à l'injure constante. Et ils n'éprouvaient nulle haine, car ils n'avaient rien à craindre: bien des peuples s'étaient éteints, tandis que les leurs demeuraient; des langues étaient mortes, quand les leurs étaient fécondes, créolisant l'urbanité occidentale."
Tout simplement une belle découverte
Challenge Petit bac 2013 chez Enna, catégorie "sentiment"